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L'espace d'Atoum

« J'étais solitaire dans le Nouou et inerte. Je ne trouvais pas d'endroit où je puisse me tenir debout, je ne trouvais pas de lieu où je puisse m'asseoir. La ville d'Héliopolis où je devais résider n'était pas encore fondée, le trône sur lequel je devais m'asseoir n'était pas encore formé...."

Les révolutions industrielle numérique L'apprentissage en l'absence d'un système de capitalisation des retraites ? La gouvernance des entreprises ?

"Good governance is the single most important way to end poverty and support development"

Kofi Annan

La mondialisation est dépassée. Place à la globalisation et à la naissance d'une complexité croissante pour une déstabilisation par la rupture profonde avec le passé.

L'ouverture des marchés accompagnée de diverses dérèglementations imposées par la libre concurrence engendre un processus de colonisation au niveau de la planète.

Certains auteurs adoptent une vision pratique de la gouvernance pour souligner le fait que la réalité est en train de subir d'importantes modifications des structures archaïques : Intervention d'un ensemble complexe d'acteurs et d'institutions qui n'appartiennent plus uniquement à la sphère du gouvernement. Une interdépendance se crée entre des réseaux autonomes, des pouvoirs et les institutions associées pour une action collective. Les décisions sont le fruit d'une concertation entre différents intérêts parfois divergents des parties prenantes.

Ce constat pose la question de la place du pouvoir de l'Etat ? Doit-on en appeler à une Gouvernance mondiale afin d'assurer le maintien de finalités supérieures et non uniquement mercantiles ? Est-elle déjà en place ?

La déclinaison des objectifs néolibéraux en termes de tri social et spatial démontre une planification de l'économie capitalistique au niveau européen voire mondial. Ainsi la France est vouée à devenir le terrain d'atterrissage des investisseurs étrangers pour l'Europe : Disparition des terres agricoles, de l'industrie, la voie tertiaire est en développement ?

Dans ce cadre où est la place du "travailleur" ?

Les crises financières à répétition qui ont affecté l’ensemble du système financier et l’économie mondiale depuis le début du siècle et les « affaires » qui les ont accompagnées mettent en cause le modèle de gouvernance des entreprises à travers les dispositifs de régulation du capitalisme d'aujourd'hui.

Illustration l'affaire Enron et les effets d'une dérèglementation sans contrôle et des excès que peut engendrer le marché.

L'entreprise gonflait artificiellement ses profits tout en masquant ses déficits en utilisant une multitude de sociétés écrans et en falsifiant ses comptes. Le but était, ni plus ni moins, de gonfler la valeur boursière. Enron a fait profit de la dérèglementation de l'énergie en Californie, exploitant à fond chacune des failles et n'hésitant pas à recourir aux arrêts intempestifs, afin de faire grimper le prix du KW/h.Avec la faillite d'Enron, 20.000 personnes de l'entreprise perdirent leur emploi et plusieurs centaines de millions de dollars constituant l'essentiel de fonds de pension, donc la retraite de milliers d'américains partirent en fumée. Jeffrey Skilling purge une peine de 24 ans (réduite à 14 ans en 2013) et Ken Lay est mort d'une attaque cardiaque peu après le verdict.

Reprenons l'ouvrage de madame Simone Weil "Conditions premières d'un travail non servile" publié en 1942 :

"L'arbitraire humain contraint l'âme, sans qu'elle puisse s'en défendre, à craindre et à espérer. Il faut donc qu'il soit exclu du travail autant qu'il est possible. L'autorité ne doit y être présente que là où il est tout à fait impossible qu'elle soit absente. Ainsi la petite propriété paysanne vaut mieux que la grande. Dès lors, partout où la petite est possible, la grande est un mal. De même la fabrication de pièces usinées dans un petit atelier d'artisan vaut mieux que celle qui se fait sous les ordres d'un contremaître. Job loue la mort de ce que l'esclave n'y entend plus la voix de son maître. Toutes les fois que la voix qui commande se fait entendre alors qu'un arrangement praticable pourrait y substituer le silence, c'est un mal".

Elle poursuit :

"Mais le pire attentat, celui qui mériterait peut-être d'être assimilé au crime contre l'Esprit, qui est sans pardon, s'il n'était probablement commis par des inconscients, c'est l'attentat contre l'attention des travailleurs.

Il tue dans l'âme la faculté qui y constitue la racine même de toute vocation surnaturelle. La basse espèce d'attention exigée par le travail taylorisé n'est compatible avec aucune autre, parce qu'elle vide l'âme de tout ce qui n'est pas le souci de la vitesse.

Ce genre de travail ne peut pas être transfiguré, il faut le supprimer."

Les uns s'interrogent :

Sommes-nous dans une société du pire pour demain ? Ce serait là accepter la soumission pour le seul profit.

D'autres affirment ;

"ça va tourner" le niveau est devenu tellement bas.

Dans l'attente de la concrétisation d'une évolution de la société basée sur les idées, l'intellect voué à se surpasser face à la robotisation, analysons le "management" qui se focalise sur le tout numérique oubliant la place de la femme ou de l'homme en tant qu'Etre humain et provoquant l'atrophie cérébrale (Je vous renvoie à des revues scientifiques publiées).

  • Lifting du "taylorisme" ou travail à la chaîne

Sous couvert de "juste-temps", le lean management dispense l'entreprise du savoir-faire des salariés (illustration avec le cas D. ci-dessous). Le travailleur est dévalorisé bien que maintenu par les sentiments :

  • L'augmentation des cadences permet un développement durable par la recherche d'un anti-gaspillage.

Nous comprenons la volonté d'une main d'oeuvre à bas prix.

  • L'impact de la conversion au Lean management

De nombreuses entreprises françaises se sont déjà "converties".

Dans le secteur manufacturier et tout particulièrement l'industrie automobile -PSA Peugeot Citroën et Renault- mais pas seulement. La banque et les assurances ont suivi.

Constat :

  • Lissage des processus permettant d’effectuer un changement de série sur une ligne de production, avec des objectifs précis, en minutes, que l’on va contraindre les employés à atteindre
  • Méthode à flux continu et tendu avec répétition de petits gestes courts et minutés - Impact physique et psychologique important :

L'ergonome du travail Bernard Michez :

"Ces idées montrent une méconnaissance totale du fonctionnement d’un être humain. [...] Alors que la base de l’ergonomie montre que la répétition des gestes courts est susceptible de provoquer de nombreux troubles musculo-squelettiques (TMS)".

En cas d'erreur, tout est faussé. Culpabilisation de l'ouvrier en charge. D'où un facteur exponentiel de stress : un seul arrêt provoque le blocage de toute la chaîne de production.

  • Absence de pause pour souffler

Dans Le Monde, un syndicaliste CFDT du comité d’entreprise de Déca. critique la chasse aux moments jugés superflus "Le but réel est que le salarié reste tout le temps à son poste… Alors que lorsqu’il se déplace, cela lui donne un petit temps pour souffler".

  • Lissage des différences

Les différences d’âge, de corpulence et de capacités physiques ne sont pas prises en compte par le Lean comme l’explique un délégué syndical CGT chez Renault.

Conséquence : augmentation du stress, de la fatigue et des accidents et maladies professionnelles.

Nous comprenons la raison de la disparition de la prévention santé en entreprise avec la loi Travail.

Un résultat contraire au but originel du Lean et un retour en arrière vers le Taylorisme et le système Bedaux. La santé du salarié n'est que secondaire au même titre que les conditions de travail. Seul compte la productivité et la création de richesse pour le haut de la pyramide.

  • Un des acteurs du déploiement du Lean Management

Conseillère de Martine Aubry au ministère du Travail, de 1991 à 1993 et nommée en 2006 par Gérard Larcher, alors ministre du travail, présidente de l'école des inspecteurs et contrôleurs du travail, madame la ministre du travail est l'un des acteurs du déploiement du Lean Management en France.

En 2008, DRH du groupe D., mise en place de ce système de "chasse au temps morts" qui vise à accroître les marges au détriment de l'emploi et des conditions de travail selon les salariés.

  • Suppression des cadres

Malgré cet effort des travailleurs mais surtout d'un bénéfice net de 1,8 milliard d'euros l’année précédente, D. supprime 900 postes à l’échelle européenne, dont 236 en France dans le cadre d’un plan de départ volontaire. Les cadres seront particulièrement visés. Ils sont jugés trop chers et peu rentables.

  • Augmentation d'une main d'oeuvre sous payée

A contrario, le contrôle s'accroît sur les chaînes de production avec une main d'oeuvre à bas coût et peu qualifiée.

  • Le patronat devient le rédacteur de la réforme du droit du travail pour l'ouverture aux investisseurs

Les employeurs ne peuvent que se réjouir de cette arrivée. Rappelons que ses fonctions au directoire de D. et de Tha. se sont en parallèle complétées au siège du CA d'Ora, de la SNCF et de l'aéroport de Paris sans oublier Dassault Systèmes

Il lui revient dès lors de les rassurer pour la rédaction de la réforme du travail.

Il vous revient de comparer les deux époques relatées pour ouvrir nos neurones comme l'ont fait nos aïeux.

  • Le développement du numérique

En mai 2016, un rapport des économistes de l'OCDE indiquait que 9% des emplois en France, soit 2,44 millions, présentent un "risque élevé de substitution" par des robots.

  • La révolution numérique détruit-elle des emplois ?

Le développement de l'industrie au XIX° siècle aboutit au taylorisme et à l'application du système Bedaux.

  • La révolution industrielle a-t-elle détruit des emplois ?

Nous plonger dans le passé, nous permettrait de vérifier les conséquences d'une révolution d'idées sur le monde du travail. Ce qui devrait nous servir d'exemple pour éviter le pire et reproduire les mêmes erreurs.

Méthode de travail dans l'industrie mise au point par F.W TAYLOR (ingénieur américain 1856-1915), le taylorisme consiste en une organisation rationnelle du travail par des tâches simples et répétitives confiées aux travailleurs (fordisme). II permettra une rentabilité aboutissant à une baisse de coût de production qui se répercutera sur le prix à payer par le consommateur.

  • C'est le début de la société de consommation

Amorcé juste avant la première guerre mondiale, le taylorisme triomphe après guerre dans l'automobile et la sidérurgie.

Toutefois, cette organisation est accusée d'être à l'origine de la déshumanisation du travailleur. Associé au système Bedaux, elle implique un mode de management de "celui qui sait à celui qui exécute". Plus besoin d'ouvrier qualifiée. La main d'oeuvre suffit :

  • "Pour augmenter les profits des entreprises, le système Bedaux transforme en robots ceux qui tombent sous sa coupe" (voir lien ci-dessous)

 

  • Généralisation du salaire au rendement qui intensifie les cadences pour diminuer les coûts salariaux par unité produite.
  • Mépris de la sécurité : dans les mines explosions des accidents mortels.

Pour comprendre cette analyse, rappelons qu'à l'époque un système artisanal existait avec des ouvriers qualifiés.

Né en plein paternalisme (voir Familistère de Guise - Michelin - Peugeot - Les Compagnons du Minorange chez Bouygues), le taylorisme implique un système qui doit améliorer la productivité au détriment de la santé des salariés (Voir le film "Les temps modernes" par Chaplin).

L'ouvrier qualifié est détrôné par des non qualifiés à la solde des usines. L'ouvrier n'est qu'un rouage traité par la chaîne de production. Ce qui aboutit à la paupérisation de la classe ouvrière qui travaille de plus en plus pour un salaire de misère.

  • L'alliance des classes moyennes avec la classe ouvrière : "Le pain, la paix et la liberté"

Une vent de révolte souffle sur la France. Un mouvement social s'engage dès 1934. Il sera à l'origine de la victoire électorale de mai 1936. Un gouvernement de Front populaire se constitue. Il est composé de socialistes, de radicaux, de communistes.

  • A l’enthousiasme suscité par la victoire électorale de la gauche s’ajoute la méfiance populaire vis-à-vis de la classe politique, née des frustrations.

Une semaine après les premières grèves, le 11 et 13 mai 1936, contre les licenciements intensifs.

Du 27 mai au 9 juin, des mineurs du Nord et du Pas de Calais font grève. Ils s'opposent au paiement des ouvriers par équipes et aux conditions de travail lamentables.

Ces grèves atteignent même la branche du commerce : pour la première fois, les employés des grands magasins parisiens suivent le mouvement (Les Galeries Lafayettes).

http://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu02006/les-greves-de-mai-juin-1936-en-region-parisienne-et-dans-le-nord.html

Début juin 1936 : signature des accords de Matignon entre la Confédération générale du Patronat Français, la Confédération générale du travail et l'État.

La taylorisation de l'industrie française est l'une des origines de l'explosion sociale de 1936 mais aussi de la montée du fascisme (voir le film "La Marseillaise" dédié au Front Populaire de Jean Renoir).

Le 16 Juin 1940, un nouveau gouvernement est formé à Bordeaux par le Maréchal Pétain. C'est la naissance du Régime de Vichy par actes constitutionnels du 10 juillet (Actes déclarés nuls et non avenus par ordonnance du 9 août 1944 relative au rétablissement de la légalité républicaine).

  • Le 26 octobre 1941 : Promulgation de la Charte du Travail.

Toutes les confédérations syndicales ouvrières et patronales sont dissoutes dont la Confédération général du travail (fondée en 1895), la Confédération française des travailleurs chrétiens (fondée en 1919), le Comité des forges et le Comité des houillères entre autres...

Création de corporations ouvrière et paysanne sous contrôle de Vichy. Mise en place de grandes entreprises contrôlées par l'Etat.

Le 27 mai 1943, réunion constitutive du Conseil National de la Résistance et élaboration de la Charte de la résistance "Les jours Heureux". La Confédération Générale du Travail y participe.

Le 25 août 1944, Paris est libéré.

Grâce aux préconisations du CNR : la sécurité sociale obligatoire (voir Ambroise Croizat)

Les méthodes de chronométrage nuisibles à la qualité de travail et à la santé des travailleurs ont abouti à la déshumanisation et à l'ouverture d'un régime aboutissant à des crimes contre l'humanité.

Une dernière question :

  • L'Autre était-il à l'origine du chômage, de la crise sociale ?

Nous l'avons bien compris, l'Autre n'est en rien à l'origine du désastre d'aujourd'hui.

Rappelons que réactiver le racisme par une classe dominante, c'est vouloir diviser ceux qui auraient le plus d'intérêts à s'unir pour transformer la société. L'intelligence de nos aïeux contre le racisme a permis une révolution dans l'intérêt de tous et de toutes les classes sociales.

Malheureusement, les "enfants gâtés" veulent se maintenir au détriment de l'intérêt général :

  • Louer l’apprentissage, ne vous rappelle rien ?

Devrions-nous laisser à la machine la gestion de l'homme ou de la femme ?

Le côté positif : le cache misère intellectuel.

D'où vient la machine ? D'où vient l'intelligence ? Qui programme l'autre ?

L’atrophie cérébrale de l'Etre humain est-elle recherchée ? Pourquoi ?

Le Lean management : une avancée ou un recul ?

Quelles sont les garanties d'un apprentissage de 16 à 30 ans ? En l'absence de réforme du régime des retraites. Car qui va payer la retraite des travailleurs privés d'emploi qui entrent tard dans la vie active ?

Programmation "globalisée" du système des retraites : suppression "par répartition" en faveur "par capitalisation" ? Dans ce cas, quels sont les moyens pour ces actifs ou actives d'accéder à une retraite décente ?

La fracture sociale est-elle dans son aboutissement : la classe aisée et les assistés (es) ?

 

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